COMMUNIQUE
Clap de fin pour l’Académie d’Orgue Internationale
« Bach-en-Combrailles »
Victime de jeunisme et (ou) d’entrisme ?
après 14 ans d’existence
Jean-Marc THIALLIER, vétérinaire mécène, grand admirateur du Kantor de Leipzig, organiste amateur et surtout fondateur du festival « Bach-en-Combrailles », avait le désir de créer une académie d’orgue ouverte à tous, qui, en complément du festival, et de l’installation de l’orgue construit par le facteur DELHUMEAU, devait rendre encore plus attrayant son projet auprès des mécènes et des autorités politiques et culturelles de la région.
Proposée par la Neue Bachgesellschaft Leipzig, recommandée par Gilles Cantagrel et Rudolf Klemm, Jean-Marc me proposa de créer et de diriger ce stage annuel. Comment refuser une telle proposition alors que, dans un formidable enthousiasme, on venait d’inaugurer dans l’église paroissiale de Pontaumur l’exacte réplique de l’orgue d’Arnstadt (instrument du jeune Bach). En 2005, je réalisai le premier enregistrement discographique de cet orgue qui allait devenir le 1er volume de mon Intégrale Bach parue chez SYRIUS.
En 2006, Gérard Thiallier, le père du fondateur, donna corps à cette académie d’orgue en mémoire de son fils décédé trop jeune. Depuis cette date, chaque été, je dirige cette académie ayant pour vocation de se consacrer non seulement à l’interprétation des œuvres de J. S. Bach mais également de sensibiliser et de former tous les organistes, professionnels ou amateurs, désireux d’approcher l’interprétation rhétorique de la musique baroque allemande. Cette rencontre annuelle de six jours, donnée en langues française, allemande et anglaise, a attiré à ce jour plus de 125 musiciens, dont une vingtaine de l’étranger, certains venant naturellement d’Allemagne, le pays qui m’a vu naître. Ces organistes ont passé de nombreuses heures sur l’instrument de Pontaumur, mais ont également pu découvrir, grâce à l’amitié de mes collègues d’Auvergne, d’autres instruments de la région. À l’issue du stage, les participants soutenus par un public nombreux et enthousiaste, étaient heureux et fiers de donner une audition d’orgue au sein du festival.
Le Festival et l’Académie ont parfaitement collaboré pendant 14 ans, tant du point de vue du public que du point de vue financier. Fonctionnant en quasi autonomie, cette classe de maître était considérée avec bienveillance. Je dois avouer cependant qu’il m’aurait été agréable d’être davantage épaulée par l’association pour sa promotion et son organisation. Ces dernières années, l’avenir de l’Académie n’a jamais fait l’objet d’aucune discussion avec les responsables de l’association, alors que je n’avais aucune réticence à la voir évoluer. En 2016 (vraisemblablement pour une question de survie mais peut-être au prix de son âme), les rênes du Festival, créé et animé jusqu’alors par des passionnés, ont été transférées à une agence professionnelle spécialisée dans l’organisation et la gestion de festivals. La même année, lors des adieux de Patrick AYRTON (alors directeur artistique) et de Gilles CANTAGREL, je reçus à Pontaumur des mains mêmes de cet éminent spécialiste français de Bach, la distinction de Chevalier des Arts et des Lettres.
Souhaitant prendre connaissance des dates du festival 2020, j’ai pris l’initiative de téléphoner, et c’est donc par le plus grand des hasards que j’ai eu connaissance de la décision prise par l’association « Bach en Combrailles », lors de sa réunion du 12 octobre 2019, de ne pas reconduire l’Académie d’orgue « dans sa forme actuelle ». Rien ne présupposait cette annonce cavalière, faite par le président de « Bach en Combrailles », sans même m’en avoir parlé au préalable. Après 14 années d’existence, en guise de remerciement, on me fit pour principal grief d’avoir fidélisé un trop grand nombre de stagiaires, d’attirer prioritairement des organistes amateurs ou encore d’avoir trop de personnes âgées…
Inutile de vous cacher ma surprise et ma déception à l’annonce de cette nouvelle d’évincement inqualifiable. Ce n’est pas la cessation de cette activité qui m’attriste le plus, mais j’avoue qu’il m’est particulièrement pénible de constater la façon déplorable et peu élégante de son annonce faite uniquement par téléphone, sans l’once d’une quelconque reconnaissance pour le travail accompli. Serais-je victime du jeunisme et (ou) d’un certain entrisme de la part de la nouvelle équipe qui a pris le relais ? Depuis deux ans, j’avais effectivement remarqué un désintérêt progressif pour l’Académie d’orgue : sur le site internet de l’association, celle-ci n’apparaissait plus, et cette amputation me semblait lourde de sens.
Par ce communiqué, avec des regrets sincères et une authentique tristesse, je souhaite donc informer mes amis ainsi que les stagiaires, mais également le public des festivaliers qui m’ont suivi si fidèlement d’année en année, que la XVème session de l’Académie d’orgue prévue pour 2020 n’aura pas lieu, malgré l’immense joie que j’aurais eue à fêter en beauté cet anniversaire, après celui des vingt ans du festival célébré cet été.
J’encourage les anciens stagiaires, membres de l’association « Bach-en-Combrailles », à suivre mon exemple et à résilier leur adhésion à cette association qui semble actuellement peu digne du nom de Bach.
Helga SCHAUERTE-MAUBOUET
Organiste, Concertiste internationale, Musicologue
Professeur au Conservatoire Nadia et Lili Boulanger, Paris
Titulaire de l’orgue de l’Église protestante allemande de Paris
Paris, le 28 octobre 2019
Madame Cécile DUTOUR
Présidente de l'Association J. S. Bach-en-Combrailles
Mairie de Pontaumur
F-63380 Pontaumur
Frankreich
Leipzig, le 21 novembre 2019
Madame la Présidente de l’association Bach-en-Combrailles,
C’est avec stupéfaction et regrets que la Neue Bachgesellschaft, que je préside, a
pris connaissance de votre décision de mettre fin à l’Académie d'orgue Bach-en-
Combrailles « dans sa forme actuelle », académie que nous soutenions et qui avait
reçu l’agrément de notre société, tout comme le festival.
Nous souhaitons exprimer ici notre désagrément vis-à-vis du procédé utilisé (de
mettre fin à cette académie par le biais d’un simple appel téléphonique), mettant
Mme Schauerte et les stagiaires devant le fait accompli. Il semble que ce stage
annuel, le seul en France dédié explicitement à la musique pour orgue de J. S. Bach,
crée et placé sous la direction avisée de Mme Schauerte, ait fonctionné avec succès
durant quatorze ans. La Neue Bachgesellschaft était particulièrement heureuse de
soutenir cette académie qui, au sein du Festival Bach, avait acquis une certaine
réputation et a largement contribué à faire connaitre l’orgue de Pontaumur sur un
plan international.
C’est pourquoi nous ne comprenons pas les raisons qui vous ont conduit à prendre
une telle décision sans aucune concertation préalable avec Mme Schauerte, qui
compte parmi les connaisseurs et pédagogues recherchés pour la transmission de
l’oeuvre d’orgue de J. S. Bach.
Cette façon de procéder, discourtoise et inacceptable, étant incompatible avec les
principes et la tradition de notre Société historique, nous vous signifions par la
présente que nous suspendons jusqu’à nouvel ordre notre soutien moral à votre
festival et, de ce fait, nous vous demandons de ne plus vous prévaloir de la Neue
Bachgesellschaft dans vos communications.
Recevez, Madame la Présidente, l’expression de mes salutations.
Prof. Dr. Dr. h.c. Christfried Brödel
Président de la Neue Bachgesellschaft